Nous parlons souvent de l'importance des forêts pour emprisonner le carbone présent dans l'atmosphère et ainsi lutter contre les effets du réchauffement climatique. Mais dans ce domaine, la reine incontestable semble être la baleine !
C'est ce que met en évidence un récent rapport du Fonds monétaire international (FMI) élaboré en collaboration avec des biologistes de Great Whale Conservancy. Lorsqu’elle meurt et coule au fond de l’océan, une grande baleine piège à elle seule 33 tonnes de CO2 pendant plusieurs siècles, le temps de se décomposer. En comparaison, un arbre n’absorbe pas plus de 21 kilos de CO2 par an soit 1 tonne tous les 50 ans.
Une chaîne alimentaire bien rodée
Dans l'eau, il y a une grande quantité d'organismes de nature végétale, en suspension. C'est ce que l'on appelle le phytoplancton. Ils sont importants car via la photosynthèse, ils fournissent les 2/3 de l'oxygène présent dans notre atmosphère et captent une grande quantité du CO2. Ils font le travail de 4 forêts amazoniennes !
Les krills, qui sont des crustacés ressemblant à des crevettes, raffolent du phytoplancton. Et enfin, la baleine raffole des krills. C'est ainsi que le CO2 se retrouve dans son estomac. «Durant toute leur vie, les baleines emmagasinent du CO2 en mangeant, qu’elles accumulent dans leurs graisses. La quantité de CO2 stockée est d’autant plus importante que certaines espèces peuvent vivre un siècle», explique Alexandre Gannier, président du groupe de recherche sur les cétacés (Grec).
Mais ce n'est pas tout, une baleine qui a bien mangé rejette des excréments qu'elle brasse avec ses mouvements, et les fait remonter à la surface. Riches en fer, phosphore et azote, c'est tout ce dont à besoin le phytoplancton pour se développer et donc capter encore plus de CO2 !
La population des baleines est passée de 4 ou 5 millions avant la début de la pêche commerciale à 1,3 millions aujourd'hui. Dans l'océan glacial Antarctique, notent les auteurs du rapport, les baleines bleues ont vu leur nombre chuter de 99% ; on y observe logiquement une forte raréfaction des nutriments et donc du plancton...
Quand intérêts économiques et intérêts climatiques se rejoignent
Si le FMI s’intéresse de si près aux baleines, c’est aussi parce que leur activité a un prix. En combinant le coût du CO2 et les revenus de l’écotourisme, ils estiment à 1,8 millions d’euros la valeur marchande d’une grande baleine. Sans oublier que la présence du phytoplancton augmente la population des krills, qui alimentent à leur tour oiseaux marins et certains poissons. Une assurance pour les pêcheurs de trouver plus de ressources !
Un animal à protéger urgemment
Protéger ces animaux menacés par les filets de pêche, le plastique, la pollution sonore et les collisions avec les bateaux, paraît vital. Si un moratoire sur la chasse commerciale a été adopté dès 1982, quelques pays la pratiquent encore, dont le Japon, qui s’est retiré de la Commission baleinière internationale en décembre 2018 en annonçant qu’il reprenait la pêche à la baleine.
En 2020 auront lieu les jeux olympiques d'été au japon. Un grand coup de projecteur pour ce pays. Ne serait-ce pas l'occasion pour la communauté internationale de faire pression, ou pour nous, citoyens, de lancer une pétition ?
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